Tommaso Giuntini
Photographe de danse
Qui es-tu ?
Question existentielle pour commencer !
Je suis Tommaso Giuntini, photographe humaniste, spécialisé dans la photo de danse (et des arts de la scène) et de portrait. Je suis né et ai grandi en Italie, je suis arrivé en France pour terminer mes études d’ingénieur et je ne suis plus reparti ! Sinon j’aime voyager, lire, passer du temps avec les personnes que j’aime, faire du sport, danser (eh oui !), cuisiner et photographier; oui, parce que la photo, même si c’est devenu un métier reste une très grande passion !
Comment en es-tu arrivé à faire de la photo de danse ? Et plus particulièrement de la photo de danse swing/blues ?
Il y a quelques années on partait explorer un endroit abandonné avec une copine, pas loin de Pise, ma ville natale. Je lui avais proposé d’emmener mon appareil pour faire une séance portrait : elle est arrivé sur site avec pointes et tutu dans le sac ! La danse classique était un univers inconnu pour moi à l’époque, j’ai donc shooté au feeling : apparemment ce feeling n’était pas si mauvais ! Quand elle a vu les images, elle les a adorées et elle m’a indiqué une école de danse à Paris, où j’ai pu photographier, étudier et comprendre les secrets de la photo de danse. Quand j’ai commencé à pratiquer le swing j’ai tout de suite décidé d’essayer de le photographier, pour son côté technique, joyeux, stylé et un peu vintage que j’ai toujours adoré et qui continue d’être un de mes sujets de prédilection.
Qu’est-ce qui te plaît dans cet univers ?
Dans la danse je retrouve la liberté d’expression, la beauté des corps, la force mélangée à la délicatesse, la transmission sincère des émotions. Dans la danse je trouve l’élégance, la fatigue, les efforts faits pour arriver à maitriser de beaux gestes techniques : figer tout cela dans mes clichés est un challenge qui se renouvèle à chaque festival/séance/cours/shooting/répétition. Dans les danses swing/blues en plus de tout ça il y a la liberté, l’envie de s’exprimer malgré tout, l’histoire de ceux qui ont dansé pour se libérer des oppressions et des répressions.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ?
Au niveau humain j’ai la chance d’être tombé très souvent sur des gens passionnés et des artistes assez accessibles, donc pas trop de difficultés (c’est du aussi à mon caractère, peut-être, ma facilité relationnelle, l’approche souriante et bienveillante). En ce qui concerne les difficultés techniques, notamment pour le swing, souvent le manque de lumière rend difficile la possibilité de figer les mouvements tout en gardant l’ambiance des soirées. La danse est un monde assez fermé, se faire connaître n’est pas toujours facile et se démarquer non plus ; c’est un monde où il n’y a pas beaucoup de moyens, mais c’est souvent dans ces contextes qu’on voit la vraie passion, celle que je cherche sans cesse à capturer.
Tous les danseurs rêvent d’avoir une belle photo d’eux après un festival. Donc la question que tout le monde se pose c’est « comment faire pour apparaitre sur les tiennes ? » Qu’est-ce qui attire ton œil et te donne envie de shooter ? Et qu’est ce qui te fait choisir une photo plutôt qu’une autre ?
Beaucoup d’éléments rentrent en compte : la lumière, les expressions, le mouvement, les regards, les tenues, les émotions transmises : il n’y a pas donc vraiment des règles et chaque festival, chaque soirée racontent une histoire que j’essaye de retransmettre à travers mes images. Pas de conseils particuliers donc : soyez vous-même et prenez de plaisir, sur les images ça se verra !
Qu’est ce que tu veux faire ressortir de tes photos de danse sociale ?
La joie, l’envie de partager un moment « hors du temps », les échanges de regards, les attentions, les sourires.
On te voit dans beaucoup de festivals, tu connais donc plein de profs internationaux et d’organisateurs. c’est facile de travailler avec eux ?
L’aspect humain est une des facettes que je préfère dans mon métier : c’est donc un plaisir découvrir les qualités cachées d’artistes et organisateurs qu’on a l’habitude de voir seulement dans des habits « officiels ». Avec certain(e)s entre eux, d’ailleurs, j’ai créé de beaux rapports d’amitié et d’échange, artistique et personnel.
Si tu avais une anecdote à raconter sur ton métier de photographe de danse, ce serait laquelle ?
J’ai plein d’anecdotes, c’est un des aspects plus cool de mon métier ! A partir des danseurs pros photographiés sur la piste sans savoir qu’ils étaient et le découvrir des semaines plus tard, aux inconnus qui m’arrêtent en me demandant si c’était moi qui sautillait partout lors d’un festival, du justaucorps de la danseuse déchiré en plein milieu d’un shooting de rue parisien à ma chute devant une cinquantaine d’élèves en reculant pour avoir un meilleur angle de prise de vue ! La liste pourrait continuer sur plusieurs pages, mais je serai ravi d’en raconter de vive voix aux danseurs que j’aurai la chance de croiser et photographier dans les prochains événements !
Et pour finir, tu as fait les photos du Paris Midnight Blues 2019, si tu devais en choisir 3 ce serait lesquelles ?
Ce n’est pas un choix facile, j’ai vraiment aimé ce festival et l’ambiance qui y régnait… Si je devais en choisir que trois ça seraient :
– une des bénévoles sur la péniche, en train de finaliser les derniers détails pour que tout soit parfait avant le début, souriants malgré les averses et le froid
– une des profs, avec les vêtements mouillés par la pluie, mais avec l’envie d’expliquer précisement tous les passages techniques et surtout de transmettre leur passion
– une dernière de Béné et Laurent qui s’offrent une danse dans les dernières minutes de la dernière soirée, (très) fatigués, mais souriants et heureux pour l’événement incroyable qu’ils ont su créer
Tommaso est le photographe officiel du Paris Midnight Blues. Mais qu’est ce que c’est ?
Le Paris Midnight Blues est un festival international organisé par Groov’it et dont la première édition a eu lieu en Mai 2019. Plus de 30 nationalités étaient réunies dans une péniche au pied de Notre Dame de Paris.
Le Paris Midnight Blues c’est trois nuits de danse et de musique blues avec du live et des compétitions de hauts niveaux, ainsi que deux jours de cours avec les meilleurs professeurs internationaux. Peu importe que vous veniez découvrir ou que vous enseigniez déjà, l’important c’est de se retrouver et de profiter !